La mort de Victor
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Victor fait plusieurs fois allusion dans son journal à Georges Villiers, ancien maire délégué de Lyon, qui a pris avec lui le « train de la mort », et qu’il retrouve à Neckarelz.
Dans son livre de souvenirs, Témoignages, (France Empire, Paris, 1978), Georges Villiers se souvient que, quand il a été interrogé par la Gestapo à Lyon, il a entendu dans une pièce voisine les cris d’un jeune homme que l’on torturait, suspendu par les bras. C’était, disait-il, le neveu de « son pharmacien Dalmais ».
Plus loin il écrit qu’au mois de mars 1945 [en fait le 25 février], « le petit séminariste s’est éteint pieusement, et j’ai obtenu l’autorisation d’aller avec le convoi au cimetière juif de Binau où les détenus du comando sont enterrés. Nous voilà partis avec deux Russes et un Polonais et bien entendu encadrés par deux gardiens, poussant un petit tombereau dans lequel se trouvent une dizaine de cadavres, dont celui de mon jeune compatriote. Dans le cimetière, nous trouvons une fosse nouvellement creusée. Nous y plaçons les cadavres et les recouvrons de terrre et de chaux. »
À la date du 26 septembre 1944, Victor fait allusion à une conversation avec « Mr Masset, chef de service à la préfecture de Châteauroux. » Dans un livre intitulé À l’ombre de la croix gammée. De l’Indre au Neckar via Dachau (Promotion et édition, Paris 1945), Robert Masset se souvient lui aussi de la mort de Victor. « 26 Février. Le petit T., un séminariste, est mort au Revier où il était depuis un mois. Il avait toujours 39° de température. Lui aussi avait été envoyé au camp II. Il est revenu ici pour mourir. C’était un brave petit gars de 22 ans, très instruit, très gentil, avec lequel nous aimions bien parler quand nous en avions l’occasion.
Grâce à un ouvrier S.T.O. qu’il approchait à la mine, il avait toujours dans sa poche des Hosties qu’il remettait en cachette dans un coin de la cour, à ceux qui voulaient communier. La cérémonie était simple. Martin* qui se trouvait au Revier me dit que lorsque T. a senti sa fin proche, il a demandé à son camarade de paillasse de lui donner une hostie. Après avoir murmuré plusieurs fois :« Je vais mourir, c’est mon devoir », il s’est éteint lentement. Au cours de ce dimanche de repos T. a été conduit au cimetière de Birnau avec deux autres zébrés.
Barrau, Villiers et trois autres ont demandé à y aller comme volontaires. Je n’ai pas pu les accompagner car mes galoches sont complètement défoncées et je dois rester étendu sur une paillasse tellement je suis fatigué. Ca va réellement mal pour moi. Si ça continue je vais faire comme T.
A propos de cet enterrement plus que sommaire comme d’ailleurs tous les précédents, je crois me souvenir que les camarades ont fait une marque permettant de repérer l’endroit où est enfoui T. avec les deux autres déportés. Pour T. ils ont, de plus, mis une bouteille dans laquelle est enfermé un papier portant son nom. Retrouvera-t-on quelque chose un jour ? »
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Le journal de Victor Tiollier (1921-1945), écrit en captivité, à Neckarelz, est un des rares documents de ce genre qui soient sortis de camps de déportation. Ce site le publie intégralement, et situe Victor dans sa famille et dans l’environnement où il a vécu les derniers mois de sa courte vie (24 ans).
Sur le site
Autres liens
- Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
- Neckarelz
- Struthof, l’ancien camp de concentration de Natzweiler en Alsace
- Dossier du concours national de la Résistance et de la Déportation 2012
Une partie de ce dossier est consacrée à Victor Tiollier. On peut voir plusieurs photos de son journal